Courrier du coeur
Cher monsieur le banquier,
J’ai bien reçu votre lettre et je vous en remercie. Vous vous êtes toujours rappelé à moi dans les moments difficiles, et votre présence attentive et constante me touche beaucoup – bien que je regrette parfois, je vous l’avoue, que vous vous obstiniez à conserver ce ton si formel avec moi : allons, que diable, lâchez-vous mon cher Jean-Noël, après tout nous nous côtoyons depuis longtemps et vous êtes le seul détenteur de certains de mes secrets les plus intimes (même mon amoureux ignore par exemple combien j’ai payé ma dernière paire de chaussures) (mais elles étaient vraiment en solde, promis).
En revanche, un détail dans votre courrier a suscité ma surprise, pour ne pas dire ma consternation (soyons fous, Jean-Noël). Je constate en effet que vous avez prélevé sur mon compte à quatre reprises la somme de 6,55€ pour "commission d’intervention", et ce pour chacune des quatre dernières dépenses que j’ai effectuée alors que j’étais dans le rouge (c’est mal).
Il ne peut s’agir que d’une erreur de votre part : aucune personne saine d’esprit ne songerait en effet à retirer de l’argent à quelqu’un qui n’en a déjà pas. Je suppose que vous vous êtes simplement trompé de bouton (ça arrive aux meilleurs d’entre nous, Jean-Noël), et que vous vouliez créditer mon compte de 30€, et non pas le débiter. Je vous prierais donc de rectifier cette méprise au plus vite : je sais bien que cette somme ne représente pas grand-chose à vos yeux, alors qu’elle me serait au contraire très précieuse pour servir à des fins utiles, comme par exemple pour acheter de la drogue.
En espérant recevoir très vite de vos nouvelles, je vous prie d’agréer, mon très cher Jean-Noël, une formule de politesse (grand fou, va).
Louise Lazzy.
(Hey les gens, vous avez vu, j’ai ressuscité en moins de dix jours. C’est certes moins balèze que Jésus, mais c'est quand même plus fort que Carlos).